Cette communication montre que soutenue par l'avènement de l'Internet en 1997, l'introduction des technologies dans l'école au Cameroun à partir de 2001-2002 marque un tournant dans la modernisation des pratiques scolaires dans ce contexte. L'un des objectifs de cette innovation est d'amener les élèves à intégrer l'usage des technologies dans leur formation, de façon à ce qu'ils y jouent un rôle central. Ce rôle que l'école tente ainsi de leur assigner dans leur apprentissage, n'a pas été suffisamment impulsé auparavant, malgré la promotion d'une nouvelle approche pédagogique fondée en principe sur les compétences, l'activité et la participation des apprenants (Hameni, 2009 ; Messina Ethe, 2010). C'était comme si les enseignants avaient de la difficulté à céder une partie de leur « pouvoir » aux élèves. C'était aussi comme si ces derniers avaient de la difficulté à intégrer une partie du « pouvoir du maître » (Fonkoua, 2006a). Il se manifeste donc une forme de persistance du modèle traditionnel de l'enseignement-apprentissage (Hameni, 2009), mais qui semble être progressivement bouleversée par l'avènement des technologies de l'information et de la communication (TIC).
Dans ce contexte, quoiqu'encore peu développée, l'insertion scolaire et sociale de l'ordinateur et l'Internet semble favoriser voire « forcer » la mise en place d'un modèle de formation qui intègre la participation des élèves à toutes les étapes de ce processus : recherche et production documentaire, diffusion des savoirs, communication et évaluation (Fonkoua, 2006b). En effet, le fait que grâce à l'usage des technologies, les apprenants participent à la recherchent, à la production et à la diffusion de l'information, et collaborent dans la création de leurs connaissances, les place dans une posture d'acteurs de leur formation. Comme nous avons observé et tel qu'il ressort des interviews menés avec des élèves et enseignants, ils « défendent » leurs points de vue et les confrontent à ceux de leurs formateurs qui sont d'une certaine manière « obligés » de tenir un rôle d'accompagnement plutôt que celui du « maîtres ». Il se passe comme si, dans ce contexte, l'utilisation des technologies venait modifier, du moins pas en douceur, la place du « maître » et celle de « l'élève » dans l'apprentissage scolaire. C'est à ce niveau que nous voyons une forme d'apports de l'usage des TIC à la mise en place d'une approche qui intègre de plus en plus la participation des élèves au processus de leur formation. L'implication de cette innovation dans ce contexte invite à faire de l'activité et de la participation des élèves, non pas seulement une prescription pédagogique, mais une donnée fondamentale et essentielle de l'apprentissage et de la formation.
Du point de vue méthodologique, nous nous sommes intéressé aux sept lycées et collèges pilotes d'intégration pédagogique des TIC au Cameroun. Nos données relèvent essentiellement des entrevues menées avec 105 élèves et 28 enseignants issus de ces écoles. Elles relèvent également des observations directes que nous y avons conduites en contexte d'enseignement-apprentissage. Aussi, parce que nous cherchons d'une certaine manière à cerner les changements dans les pratiques et relations d'apprentissage induites par l‘utilisation des TIC dans ce contexte, nous nous inscrivons dans l'approche de la diffusion des innovations (Millerand, 1998 ; Roger, 1995).
Plan (provisoire) de la communication
Introduction et contexte
Cadre théorique et méthodologique
I. Les élèves, les TIC et l'apprentissage
1. Les pratiques scolaires innovantes
2. TIC et rapports des élèves aux savoirs
III. Technologies et place des élèves dans l'apprentissage
1. TIC et rapports des élèves entre eux et avec les enseignants
2. Au-delà du rôle du consommateur passif
3. Quand les élèves « évaluent » leurs enseignants
Conclusion