Aujourd'hui, la demande faite aux écoles d'art françaises de s'inscrire dans le format Licence, Master, Doctorat (LMD) a dynamisé les collaborations entre écoles d'art et universités. Encore récemment, la question de la recherche académique n'était pas nommée dans les écoles d'art françaises alors que la recherche par la création, de son côté, fait partie depuis longtemps de la pédagogie de ces mêmes écoles. La création d'un « doctorat en création » en école d'art comme dispositif expérimental bouscule l'équilibre institué depuis des décennies entre les institutions d'enseignements artistiques et l ‘université car elle interroge simultanément la production d'un écrit académique, une pratique artistique singulière, un rapport nouveau à la technique, et l'évaluation d'une thèse d'une forme nouvelle.
Le signifiant « rencontre » traverse tout notre article : rencontre entre un artiste et un chercheur, rencontre entre écoles d'art et université, rencontre entre industries culturelles et formation à la création en école d'art. La rencontre est un événement produisant un inattendu, elle n'est pas une fusion. Nous insistons sur la fonction émancipatrice de ces rencontres qui découle de la mise en place de ce dispositif au sein de nos institutions. La question théorique est de savoir jusqu'où une politique du supérieur, sur un territoire donné, entre différentes institutions, peut induire la forme d'un « doctorat en création », et jusqu'où cette forme traduit une fonction émancipatrice favorisant l'innovation. D'autre part, le rapprochement avec les structures d'enseignements artistiques est une opportunité pour l'université de repenser la place de la création dans les processus pédagogiques et de recherche. Quels outils méthodologiques pour aborder la création artistique d'un point de vue « scientifique » ? De quelle manière et jusqu'à quel point la création artistique peut elle être appréhendée comme terrain d'expérimentation pour des problématiques de recherche en SIC ?