Penser les techniques et les technologies : Apports des Sciences de l'Information et de la Communication et perspectives de recherches
4-6 juin 2014 Toulon (France)
Jeudi 5
Organisations
discutantes : Sylvie Parrini Alemanno et Véronique Richard
› 15:00 - 15:30 (30min)
› Salle 319
Eléments de réflexions autour du positionnement et des domaines d'action de l'Intelligence Economique
Christian Bourret  1@  
1 : Dispositifs d'Information et de Communication à l'Ère du Numérique  (DICEN )  -  Site web
CNAM
2 rue Conté 75003 Paris -  France

 

 

1 – Problématique

Nous proposons des éléments pour une lecture d'un champ ou objet scientifique (l'Intelligence Economique), centrée sur l'interdiscipline des SIC, en abordant de nouveaux aspects ou des aspects plus traditionnels revisités.

L'Intelligence Economique est au cœur de l'évolution des organisations et de leurs enjeux stratégiques. Elle a aussi une forte dimension territoriale et, plus globalement, sociétale, qui se transforme avec les nouveaux usages des TIC.

Nous envisageons l'IE à la frontière ou interface (frontière comme espace de complémentarité et d'échanges) des enjeux à la fois d'information et de communication : collecte, traitement et diffusion de l'information, avec une dimension communication également essentielle (influence).

Nous nous situons dans la perspective définie par J. Davallon (2004) faisant référence à B. Ollivier. Pour eux, les SIC ne sont pas constituées par l'objet qu'elles étudient mais « par leur manière de constituer l'objet en articulant des problématiques ». Dans cet esprit, pour nous, l'IE peut relever d'une approche interdisciplinaire centrée sur les SIC, comme celle proposée par F. Bernard (2006), avec l'articulation des questions du sens, de la relation, du savoir, pour l'action. La question du sens de l'action est aussi essentielle dans le management de la complexité (Morin, Genelot).

Deux lectures complémentaires de l'IE peuvent être envisagées : une plus micro, centrée sur l'organisation ou l'entreprise (cf. IE d'entreprise) ou une autre approche plus macro, plus globale, avec des interactions sociétales. Nous insisterons davantage sur ce second aspect.

 

2 – Objet

 

Si on la fait commencer en France au rapport Martre (1994), prolongé par le rapport Carayon (2003), l'IE peut être considérée comme assez récente, ou, au contraire, comme beaucoup plus ancienne, si on la considère comme « intelligence organisationnelle », en faisant référence à H. Wilensky (1967), ce qui correspond à notre approche.

 La notion de « nouveaux territoires de l'Intelligence Economique » a déjà été abordée (pour éviter la confusion avec une utilisation plus habituelle du terme « territoire », nous préférons parler de domaines d'action), notamment par l'ouvrage collectif coordonné par M.-A. Duval (2008), insistant sur les « territoires » concernant l'entreprise : intelligence financière et intelligence juridique. La dimension sociale ou sociétale y est aussi étudiée, en particulier avec les travaux de P. Clerc et H. Azoulay, les aspects d'intelligence, culturelle, sportive, humanitaire, étant aussi développés.

Dans cette communication, nous étudierons plus particulièrement la dimension sociale ou mieux sociétale de l'IE avec un autre regard, en insistant notamment sur les liens de l'IE avec les territoires : le territoire étant mis en forme par des projets locaux (territoire comme forme ou contexte pour l'action) qui peuvent contribuer à son développement, en particulier dans leur dimension économique dans des zones sensibles. Dans cette perspective, nous présenterons les groupements de jeunes créateurs (GJC) pour promouvoir les DUCA (diplômes universitaires de créateurs d'activités) et leurs rôles comme levier de développement (reconstruction personnelle des jeunes promoteurs et résilience des acteurs et des territoires).

Nous nous situerons dans la perspective tracée par le rapport Godet – Durance – Mouli (2010) pour « libérer l'innovation sur les territoires » et, en particulier, l'innovation dans sa dimension organisationnelle et / ou sociétale, avec les notions de « mètis » comme art du pilotage, de « reliance » (Morin, Sainsaulieu), et, surtout, de «résilience ». Dans cette perspective, l'Intelligence Economique rejoint l'Intelligence Territoriale, que N. Moinet (2011) propose de considérer comme un dispositif intelligent pour développer le territoire. L'entreprise ou l'organisation peut aussi être considérée comme un territoire, un contexte pertinent pour l'action.

Nous insisterons ensuite sur la dimension sociétale de l'intelligence économique, en l'abordant dans le secteur de la protection sociale et de la santé, où l'influence des nouveaux dispositifs relevant des TIC est particulièrement importante : dossiers partagés et systèmes d'information. La Protection sociale n'est pas seulement un coût (les déficits de la Sécurité sociale) mais constitue aussi un investissement et un facteur de compétitivité pour la Nation. C'était déjà la perspective du rapport Carayon (2003) sur l'Intelligence Economique qui mettait en relation compétitivité des entreprises et cohésion sociale.

Nous aborderons aussi l'Intelligence Economique comme intelligence organisationnelle, en particulier dans ses rapports avec les démarches qualité et son positionnement par rapport aux normes et aux démarches d'évaluation (Bourret, 2012).

A travers la notion de « mètis », l'Intelligence Economique rencontre aussi les nouvelles approches du management, en maintenant les équilibres qui permettent l'action.

Cette approche de l'IE comme « intelligence organisationnelle » questionne aussi la qualité. Nous plaiderons pour une approche moins quantitative (critiques de Gaulejac et Mintzberg), en sachant distinguer différents types de processus, pour une évaluation appréhendée comme aide au développement et favorisant les coopérations entre tous les acteurs.

L'impact des TIC amène à envisager l'IE comme promouvant et s'appuyant sur des « communautés stratégiques de connaissance », avec le rôle privilégié des réseaux sociaux pour favoriser les coopérations. Avec la double dimension : de dynamique interne où tout le monde est veilleur et de maîtrise de l'environnement concurrentiel (externe). C'est aussi tout le défi de l' « entreprise intelligente » : où l'Intelligence collective est l'intelligence du lien, de la relation, manager l'intelligence collective d'une organisation, consistant à créer une dynamique de coopérations intellectuelles entre les personnes (Zara).

Nous aborderons aussi une autre évolution du positionnement de l'Intelligence Economique. L'IE a été largement conçue dans une économie industrielle (veille technologique et, en particulier, sur les brevets). Il s'agit d'en adapter les objectifs et les outils aux nouveaux défis de l'économie servicielle et de l'immatériel, avec notamment les perspectives ouvertes par E. Morin pour « penser autrement » (1999).

 

3 – Méthodologie

Notre objectif est de varier les regards et les approches autour du positionnement et des domaines d'action d'un champ ou objet de recherche : l'Intelligence Economique.

Nous réfléchirons notamment à la notion de situation dans le contexte particulier de l'IE : situation de décision, situation d'innovation.

Une revue de littérature est actualisée constamment (cf. références). Elle est articulée à une dimension terrain, acquise par des travaux menés  à partir de l'encadrement de mémoires de masters ou de thèses, de coopérations autour de contrats de recherche et de participation à des réunions ou séminaires.

Nous nous situons dans une posture pluridisciplinaire d'ingénierie critique centrée sur les SIC dans une perspective de recherche – action. Cette proposition de communication constitue une partie plus théorique de nos travaux.

Nous nous efforçons d'adopter le positionnement d' « engagement par la neutralité » proposé par N. Heinich dans une perspective de construction de savoirs pour l'action, avec la complémentarité d'approches informationnelles et communicationnelles.

 

4 - Plan de la Communication

Introduction

1 – Les évolutions de l'IE (Intelligence Economique) : positionnement, nouveaux domaines d'action ou thématiques revisitées

2 – L'IE comme Intelligence Organisationnelle

3 – La dimension sociétale de l'IE

4 – IE et territoires

5 – L'impact des TIC : l'IE au coeur d'une nouvelle approche du savoir ou l'IE comme intelligence collective

Conclusion

 

5 - Références théoriques

 

Bernard F., 2006, « Les SIC une discipline de l'ouverture et du décloisonnement », in Bouzon A. dir., La communication organisationnelle en débat. Champs, concepts, perspectives, Paris, L'Harmattan, p. 33 – 46.

Bourret C., « Standards, Evaluation, Certification and Competitive Intelligence: not always an easy Relationship », Journal of Intelligence Studies in Business, Stockholm (Sweden), vol. 1, n°2, 2012, https://ojs.hh.se/index.php/JISIB/article/view/32.

Carayon B., dir., 2003, Intelligence économique, compétitivité et cohésion sociale, Paris, La Documentation française.

Clerc P. 2008, « L'intelligence sociale nouveau territoire de l'intelligence économique ? », in

Duval M. –A., dir., Paris, ACFCI – IFIE Editions, pp. 101 - 118.

Davallon J., 2004, « Objet concret, objet scientifique, objet de recherche », Hermès, n° 38, p. 30 – 37.

Gaulejac V. de, 2005, La société malade de la gestion. Idéologie gestionnaire, Paris, Points-Seuil.

Genelot D., 2001, Manager dans la complexité, Paris, INSEP Consulting.

Godet M., Durance P., Mousli M., 2010, Libérer l'innovation dans les territoires, Paris, Conseil d'Analyse Economique - La documentation Française.

Heinich N., 2006, « Pour une neutralité engagée », Questions de communication, Actes 3, p. 83 – 96.

Mintzberg H., 2001, Le Management. Voyage au centre des organisations, Paris, Ed. d'Organisation.

Moinet N., 2011, Intelligence Economique. Mythes et réalités, Paris, CNRS Editions.

Morin E., 1999, Les sept savoirs nécessaires à l'éducation du futur, Paris, UNESCO.

Wilensky H., 1967, Organizational Intelligence: knowledge and policy in government and industry, New York, Basic Books Publishers.

Zara O., Le management de l'intelligence collective. Vers une nouvelle gouvernance, Paris, M21 Editions.

 

 

 

 



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