Le dispositif défini par Michel Foucault ainsi en 1977:
« un ensemble hétérogène, comportant des discours, des institutions, des aménagements architecturaux, des décisions réglementaires, des lois, des mesures administratives, des énoncés scientifiques, des propositions philosophiques, morales, philanthropiques, bref : du dit, aussi bien que du non-dit.[1] » se déploie dans cette réflexion à travers les interrogations que soulèvent les mémoires de la création contemporaine ou des antimémoires de celles-ci.
La création contemporaine et son exposition sont le terrain par excellence et métaphorique de l'événement-manifestation. L'événement-manifestation correspond à la conscientisation de la transformation d'une épistémè à une autre, épistémè relative à un domaine expérimental. Tenant au terrain de la création contemporaine, le dispositif se perçoit en tant que dispositif mémoriel de la création contemporaine et de son exposition.
La mémoire de la création contemporaine créée des situations de mise en tension entre les mémoires individuelles, collectives, la mémoire sociale et la science historique. Les mémoires individuelles des différents acteurs de cette création contemporaine, artistes, spectateurs, commissaires d'exposition, documentalistes, ingénieurs, producteurs, chercheurs, non public convergent-ils vers la constitution d'un bien commun et à la préparation d'un terreau pour les réflexivités de celles-ci ?
Les théories à propos du dispositif sous ce prisme questionnent autant les structures temporelles et spatiales expérimentées, ses conditions de possibilités, ses énoncés, les relations tissées entre les acteurs entre eux, entre les acteurs et leurs environnements et naturellement les objets qu'ils mettent en scène. La généalogie comparée, la description au travers de l'ethnométhodologie et de l'approche communicationnelle (analyse des réseaux sociaux, ethnographie, phénoménologie) structurent cette recherche.
Dans un premier temps, nous portons notre interrogation à travers l'histoire et la comparaison de la création artistique de ces dispositifs de mémoire de l'art contemporain dont les artistes chercheurs comme Jean-Louis Boissier, Anne-Marie Duguet, Pierre Giner et des systèmes d'informations institutionnels, Videomuseum, Europeana, ou des propositions de la RMN. Cette comparaison soulève les discours autorisés ou l'instrumentalisation des traces des acteurs, des témoignages, la dramaturgie des paroles contre des standards, des codifications, une instrumentalisation de l'inédit sous le couvert de l'accessibilité, la rhétorique de l'ergonomie, jusqu'à la fétichisation du document. D'autre part la conversation, nexus du document augmenté, est le prolongement de ce développement.
Dans un deuxième temps, le dispositif mémoriel est observé sous sa forme contemporaine. Il est interrogé au travers d'exemples issu d'expérimentations contemporaines liées à la culture de la convergence, notamment des protocoles d'écriture collective type Editathon. Les dispositifs contemporains construisent-il un espace public sensible ou sous couvert d'objectivité, réalise-t-il des dispositifs de contrôle des comportements des usagers ? Quel est le statut des contributeurs ?
Le troisième temps invite à une modélisation du dispositif transmédiatique dans ses portées performatives, en soulevant les conditions de possibilité de mise en fiction afin d'entériner la modernité du dispositif et de ses contenus.
Le rapport entre la création contemporaine, la science de l'art, les théories du design et les sciences de l'information et de la communication, notamment dans sa portée en tant qu'humanités numériques seront débattues ainsi que les notions qui les accompagnent dispositif, appareil, device, objet communicationnel, dispositif communicationnel.
[1] Foucault (Michel), 1977, « Le jeu de Michel Foucault » (entretien avec D. Colas, A. Grosrichard, G. Le Gaufrey, J. Livi, J. Miller, C. Millot, G. Wajeman), Ornicar ? Bulletin périodique du champ freudien, 10 : 62-93.
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