Penser les techniques et les technologies : Apports des Sciences de l'Information et de la Communication et perspectives de recherches
4-6 juin 2014 Toulon (France)
Jeudi 5
Education et apprentissage
Regards croisés sur les MOOCs - discutante : Valérie Lépine
› 14:30 - 15:00 (30min)
› Amphi 200
Communication, pédagogie et préférences des étudiants - Réflexions à partir d'une enquête dans deux universités suisses -
Patrick-Yves Badillo  1, *@  
1 : Universités de Genève et de Grenoble  (Medi@LAB-Genève et GRESEC)  -  Site web
Université de Genève 40 Boulevard du Pont-d'Arve Bureau 4229 1211 Genève 4 -  Suisse
* : Auteur correspondant

Problématique et objet

Dans le contexte de l'enseignement supérieur, le nouvel environnement pédagogique est caractérisé non seulement par la généralisation des technologies de l'information et de la communication (TIC) mais aussi par de nouveaux développements comme la mobilité, et les Massive Online Open Courses (MOOCs).

Les étudiants d'aujourd'hui sont des "digitale natives". Leur accès aux TIC est véritablement généralisé (98% des ménages suisses ont des ordinateurs ou laptops à domicile ; 97% étaient connectés à Internet en 2012). Les statistiques sur l'usage des réseaux sociaux montrent également une progression fulgurante. Il y a eu non seulement ce rapide développement des usages des TIC, mais aussi l'émergence de la mobilité et de l'ATAWADAC (Any Time, Any Where, Any Device, Any Content). En ce qui concerne les MOOCs, de nombreuses universités se positionnent sur une tendance croissante de création et d'usage des MOOCs.

Dans un tel contexte, il nous paraît utile d'examiner comment les étudiants perçoivent et expriment leurs préférences dans le champ de la pédagogie. Notre objectif est de proposer une analyse exploratoire des caractéristiques d'apprentissage préférées aujourd'hui par les étudiants. D'un point de vue théorique, notre approche est fondée sur les principaux modèles d'apprentissage. Un modèle correspond au paradigme pédagogique traditionnel dans lequel les enseignants sont détenteurs du savoir et le transfère aux étudiants. Ce modèle est fondé sur une communication mécanique et unidirectionnelle allant du professeur vers les étudiants. D'autres modèles sont fondés sur un usage intensif des technologies de l'information ; ils incluent l'apprentissage en ligne, et évidemment aussi les nouveaux usages tels que ceux liés aux MOOCs. Karsenti montre qu'il y a deux types de littérature scientifique à propos des MOOCs : d'un côté, il y a la littérature enthousiaste et de l'autre, un groupe plus critique de chercheurs qui ne sont pas nécessairement contre les MOOCs mais qui analysent d'une façon plus nuancée leur impact. L'apprentissage est aujourd'hui aussi souvent interactif et communicationnel. Les enseignants sont supposés partager le savoir, mais aussi le produire en collaboration avec des étudiants. Le processus d'apprentissage devient de plus en plus une construction commune et collaborative. Ce cadre inclut ce que les Anglo-Saxons appellent l'apprentissage fondé sur des problèmes (problem-based learning). Du point de vue communicationnel, ce modèle suppose une communication bidirectionnelle entre l'enseignant et l'étudiant. Plus précisément, la base de ce modèle est celle de la théorie globale et systémique de la communication définie par l'école de Palo Alto et en particulier, le concept de communication relation développée par Watzlawick et alii [notre traduction]: "toute communication a un double aspect de contenu et de relation". Enfin la composante "ludique" existe, fondée sur l'hypothèse que les étudiants aiment beaucoup les jeux et que le processus d'apprentissage est d'autant plus efficace s'il combine les jeux et l'apprentissage. Dans cette perspective, l'apprentissage devrait être perçu par les les étudiants comme facile et agréable. Cette perspective nous paraît cohérente avec différentes caractéristiques des "digital natives".

 

Références théoriques

L'approche communicationnelle distinguant le modèle de Shannon et le modèle systémique de l'école de Palo Alto constituera une base fondamentale.

Nos références croiseront différents travaux anglo-saxons et des travaux francophones.

Nos réflexions en termes d'usages des technologies numériques s'appuieront sur l'école francophone des usages (Perriault, Jouet, Proulx etc.) et l'analyse critique des TIC (Jeanneret...).

Nos réflexions sur les modèles pédagogiques s'inspireront de l'école francophone et de ses principaux auteurs, qui ont publié notamment dans la revue Distance et Savoirs, devenue Distance et Médiations des Savoirs (citons quelques auteurs : Moeglin, Burton et alii, Baron, Simonnot, Garrot et al., Bruillard, Paquienseguy et Perez-Fragoso, Valluy, Bonfils et Peraya, Karsenti). Différents auteurs anglophones seront mobilisés, comme par exemple : Selwyn, Kolowich, Yuan, Powell, Siemens, Wels, Dragusin, Bates, Daniel (Sir).

 

 Méthodologie

Nous avons mené une enquête auprès d'étudiants de deux universités suisses afin de révéler les caractéristiques considérées comme les plus importantes par les étudiants qui sont "digital natives". En particulier différentes questions seront appréhendées :

  • Les technologies d'information et l'enseignement en ligne sont-ils particulièrement attractifs pour les étudiants ?
  • Les éléments ludiques sont-ils fortement préférés par les étudiants ?
  • Quelle est la place du professeur et de sa propre communication?

 Afin de répondre à ces questions, nous avons développé l'enquête suivante. Nous avons défini deux groupes d'étudiants. Chaque groupe d'étudiants suit un cursus dans une université suisse, dans une Faculté de Sciences Economiques et Sociales. Plus précisément, le premier groupe est constitué par des étudiants qui sont enregistrés en Bachelor et Master de l'Université de Fribourg. Ce groupe inclut 42 étudiants. Un second groupe suit un Master à l'Université de Genève. Ce second groupe comprend 37 étudiants. Pour chaque groupe l'enquêtes a été organisée en plusieurs parties. Nous avons d'abord posé des questions sur les usages des technologies des étudiants (smartphone, ordinateurs, Web, etc.). Nous avons posé des questions sur leurs préférences pédagogiques et nous avons cherché à caractériser la pédagogie que les étudiants jugent importante pour acquérir des connaissances. Le fait d'avoir deux groupes dans deux universités nous permet de vérifier la fiabilité des critères que nous avons choisis. Bien évidemment, aucune généralisation sur la base d'une telle enquête n'est possible. Mais cette analyse exploratoire nous permet de retenir quelques leçons intéressantes, en liaison avec les questions présentées supra, notamment par rapport à l'importance de la communication.

Cette enquête est encore en cours de dépouillement et d'approfondissement, notamment sur les usages numériques des étudiants et sur leur modéle pédagogique "préféré".

 

Plan de la communication

 Le contexte : TIC, mobiquité et MOOCs

  • Les modèles d'apprentissage
  • La construction de l'enquête
  • Les résultats de l'enquête et le rôle de la communication

 



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