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Les nouvelles pratiques du cinéma en Afrique Sub-saharienne
Objet
L'arrivée des technologies numériques ont considérablement modifié les techniques de production, de diffusion et de promotion des œuvres cinématographiques du continent africain. Dans certains cas, comme à Madagascar, elles ont même permis à un cinéma moribond de renaître de ses cendres, en multipliant le nombre de productions annuel par dix.
Autrefois dépendants des structures de financement étrangères, les réalisateurs africains peuvent désormais se passer d'une partie de ces fonds grâce au développement des sites participatifs (« crowdfunding »), de la multiplication des sources de diffusion (smarphone, site internet, tv en ligne) et d'outils de promotion variés (page Facebook, blog). Cette communication dressera un état des lieux de l'évolution des pratiques cinématographiques en Afrique Sub-sahariennegrâce au développement des outils numériques sur le continent. Cette communication s'articulera autour de trois objectifs:
- démontrer que les outils numériques ont modifié la façon de produire des films en Afrique Sub-saharienne (nouveaux modes d'apprentissages des métiers du cinéma, possibilités de développer un culture cinématographique par le recours au visionnage en « streaming », etc.) ;
- analyser et comparer les différentes pratiques de diffusion des films sur le continent africain (réduction des écrans) ;
- décrire les nouvelles stratégies promotionnelles des films africains (collectives et individuelles).
Cette communication permettra de comprendre les forces et les faiblesses de ces nouvelles pratiques de cinéma en Afrique Sub-saharienne. Elle établira que les outils numériques augmente la visibilité de ces cinémas et de leurs auteurs.
Contexte
La littérature sur le thème les nouvelles technologies d'information et de communication en Afrique Sub-saharienne est très fournie. Elle évoque principalement trois courants:
- des études sur des outils numériques en particulier (Chéneau-Loquay, 2001 ; Southwood 2009)
- des analyses socio-économiques sur l'impact des dispositifs numériques dans le quotidien des populations africaines (Bruijn et al. 2009 ; Bourgault 1995)
- des études sur les problématiques d'accès aux nouvelles technologies (Rallet et Rochelandet 2004 ; Tudesq 1999).
Concernant les relations entre les outils numériques et le cinéma en Afrique, les études restent encore peu nombreuses. Elles se focalisent principalement sur :
- des aires géographiques précises comme, par exemple, le Nigéria (Barrot 2005), Madagascar (Blanchon 2009), le Cameroun (Coulon 2011)
- des analyses critiques globales (Barlet 2012 ; Hoefert de Tureganoier 2005).
Ces textes procèdent davantage à l'analyse sémiotique des films africains et font peu état des nouvelles formes cinématographiques qui sont nées avec les nouvelles technologies (modification de la taille des écrans, des méthodes de financement et d'apprentissage aux métiers du cinéma, mise en réseau des professionnels africains, etc.). Aussi, cette communication entend introduire cette thématique dans l'étude des cinémas africains.
Quel impact le développement des outils numériques a-t-il sur la production, la diffusion et la promotion des films africains?
Problématique
Cette communication développera une triple problématique: politique, économique et culturelle. En effet, le développement des nouvelles pratiques de cinéma sont intimement liés au développement des outils numériques qui dépendent de contraintes économiques (achat d'un ordinateur/téléphone portable, achat d'une connexion), politiques (installation de relais et de supports numériques nationaux) et culturelles (pratiques et langues étrangères).
Il s'agira ici de vérifier :
- si les outil numériques ont permis d'accroître le nombre de productions cinématographiques sur le continent en favorisant l'indépendance économique et intellectuelle des réalisateurs ?
- si les outils numériques entraînent une fermeture des salles de cinéma ou si, au contraire, la réduction des écrans ouvrent des espaces de réception plus larges ?
Dans ce projet de recherche, les concepts de « stratégie » et de « pratiques » seront employés dans le sens donné par de Certeau (1980), c'est-à-dire les « tactiques » élaborées pour détourner et se « réapproprier » les objets.
Ainsi, le premier axe de questionnement considérera les problématiques économiques du cinéma en Afrique Sub-saharienne. Comment était financé le cinéma africain avant le développement des nouvelles technologies sur le continent ? Son financement en est-il modifié désormais et, si oui, comment ?
La seconde question s'intéressera aux relations entre pouvoir et cinéma africain. Les gouvernements africains pouvaient exercer un contrôle sur les images produites localement et, à l'occasion, les censurer ou les protéger par des lois anti-piratage. Avec les outils numériques, comment les états africains réglementent-ils l'accès aux images cinématographiques?
Le troisième volet de réflexion analysera les rapports culturels des outils numériques pour le cinéma africain. Les films locaux sont-ils plus accessibles grâce aux outils numériques? Mettent-ils en évidence un accroissement des disparités sociales?
Méthodologie
Pour répondre à ces interrogations, je procéderai en trois étapes:
- l'établissement d'un corpus : je constituerai une liste des films africains financés par le biais de sites participatifs. Je recenserai les sites où les films africains peuvent être visionnés (gratuitement ou non) et les pages web (Facebook, site internet, blog) créées pour promouvoir un film africain. Je mobiliserai ici l'approche foucauldienne de l'archéologie (1969) afin d'inventorier l'ensemble des documents.
- des interviews: j'interrogerai deux à trois réalisateurs africains afin de connaître leur motivation et leur avis sur l'utilisation des ces outils numériques pour le cinéma.
- analyse des données et conclusion : en m'appuyant sur des données chiffrées, je comparerai l'état de la production cinématographique par pays avant et après l'arrivée des outils numériques afin de définir leur rôle éventuel dans le cinéma africain. J'analyserai et je comparerai les différentes pratiques de production, de diffusion et de promotion selon les pays d‘Afrique Sub-saharienne.
Plan de la communication
Cette communication se composera de trois parties. La première partie se focalisera sur les dispositifs de production cinématographique, la seconde sur les nouvelles pratiques de diffusion des films africains et la troisième partie s'intéressera aux nouveaux outils de promotion des œuvres cinématographiques africaines.
Bibliographie
Ba, A. 2003. Internet, Cyberspace et usages en Afrique. Paris : L'Harmattan.
Barlet, O. 2012. Les cinémas d'Afrique des années 2000. Perspectives critiques. Paris: L'Harmattan.
Barrot, P. 2005. Nollywood: le phénomène vidéo au Nigéria. Paris: L'Harmattan.
Blanchon, K. 2009. Les cinémas de Madagascar (1937-2007). Paris: L'Harmattan.
Bourgault, L. 1995. Mass Media in Sub-Saharan Africa. Bloomington: Indiana University Press.
Bruijn, M et al. (eds). 2009. Mobile phones : The new talking drums of everyday Africa. Leiden : African Studies Center/Langaa.
Certeau (de), M. 1980. L'invention du quotidien 1 : Arts de faire et 2 : Habiter, cuisiner. Paris: Gallimard.
Chéneau-Loquay, A (dir). Août 2009. « Accès aux nouvelles technologies en Afrique et en Asie. TIC et service universel », Netsuds, Numéro 4. Paris : L'Harmattan.
Chéneau-Loquay, A. 2001. « Les territoires de la téléphonie mobile en Afrique », Networks and Communication studies (NETCOM), Volume 15, Numéros1-2, pp 121-132.
Coulon, F. 2011. « Une histoire du cinéma camerounais - cheminement vers l'indépendance de la production », Afrique contemporaine, Numéro 238, pp 91-105.
Diawara, M. 1992. African cinema politic and culture. Indianapolis: Indiana University Press.
Foucault, M. 1969. L'Archéologie du savoir. Paris: Gallimard.
Hoefert de Turegano, T. Février 2005. “Sub-Saharan African Cinemas: The French Connection”. Modern and Contemporary France. Volume 13, Numéro 1, pp 71-83.
Lelièvre, S. 2010. « Diffuser des films africains en Afrique », Études Océan indien, Numéro 44, pp 227-241.
Nwokeafor, C.U; K, Langmia. 2010. Media and technology in emerging African democracies. Lanham, MD: University Press of America.
Ossama, F. 2001. Les nouvelles technologies de l'Information. Enjeux pour l'Afrique subsaharienne. Paris : L'Harmattan.
Pommier, P. 1974. Cinéma et développement en Afrique Noire francophone. Paris: A.Pedone, 181 pages.
Rallet, A ; F, Rochelandet. 2004. « La fracture numérique : une faille sans fondement ? » Réseaux, Numéros 127-128, pp 21-54.
Rochoux, J-Y. « Les technologies de l'information et de la communication dans l'Océan Indien », Hermès, Numéro 32-33, pp 471-480.
Rombes, N. 2009. Cinema in the digital age. London : Wallflower Press.
Southwood, R. 2009. Less walk more talk: How Celtel and the mobile phone changed Africa. New York: John Wiley & Sons.
Tudesq, A-J. 1999. Les médias en Afrique. Paris: Ellipses.
