Penser les techniques et les technologies : Apports des Sciences de l'Information et de la Communication et perspectives de recherches
4-6 juin 2014 Toulon (France)

Actes - Consultation par auteur > Laudati Patrizia

Jeudi 5
Arts et création
discutante : Marie-Pierre Fourquet-Courbet
› 10:30 - 11:00 (30min)
› Salle 225
Les nouvelles technologies de l'information et de la communication comme outil de médiation dans l'espace urbain
Mei Menassel  1, 2@  , Patrizia Laudati  1, *@  
1 : Laboratoire DeVisu (Design Visuel et Urbain)
Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis : EA2445
2 : Université de Mons  (UMons)  -  Site web
20, place du Parc, B7000 Mons -  Belgique
* : Auteur correspondant

Cet article vise à questionner l'influence que les nouvelles technologies ont sur les mutations des espaces. En transformant les conditions de circulation l'information, ainsi que les pratiques d'usages, les dispositifs numériques créent de nouveaux besoins qui, dans une logique circulaire, auront une incidence sur la configuration future des espaces urbains.

 A l'heure actuelle, le multimédia envahit notre vie et modifie sensiblement notre rapport à l'espace qui nous entoure. La diffusion de l'usage des technologies de l'informations et de la communication dans notre environnement journalier est à la base d'une conception de l'espace comme terrain d'interaction entre les différentes pratiques réalisées dans notre territoire physique et l'information véhiculée par les réseaux de connexions numériques (Leite, 2007).

Les nouvelles technologies l'information et de la communication accompagnent nos usages quotidiens et modifient notamment nos accès aux divers services et ressources de la ville, nos modes de déplacements ou même la manière dont on se repère dans l'espace. Depuis l'avènement des systèmes de géolocalisation par satellite et de cartographie (Open Street Map, Google Maps™, Mappy™), de nombreux éléments de la ville possèdent leurs ombres informationnelles[1] : cela signifie que chaque monument, immeuble ou rue, possède son alter-ego digital, enrichi de nombreuses informations, qui abritent des nuages de données (Leleu-Merviel, 2008) comme des commentaires, coordonnées, adresses, services ou autres. Ces données peuvent être « augmentées » par les utilisateurs, c'est-à-dire captées, annotées ou enrichies. Les « objets » qui nous entourent, habituellement inertes, génèrent désormais un flux de données que nous captons pour des usages divers et variés (Menassel et al., 2013). En ce sens, l'espace public, à l'aune des technologies des l'informations et de la communication, n'est pas perçu comme une entité fixe. Tel le langage, il est en mutation et en constant devenir. L'espace public n'existe pas en soi, il s'adapte nécessairement à un individu qui lui donne un sens par ses actes, il s'incarne dans le présent toujours renouvelé des représentations, qui se font de plus en plus souvent à travers le prisme des NTIC.

La façade d'un bâtiment peut donc potentiellement devenir interactive, à l'exemple de la tour Telefonplan à Stockholm, dont les passants contrôlaient l'éclairage par combinaison de chiffres composés depuis leur téléphone portable. De même, les différents lieux peuvent intégrer des dispositifs sensibles proposant des interactions ludiques ou artistiques aux visiteurs ; l'une d'elles consistait à transformer un collecteur de verre en borne d'arcade, permettant de comptabiliser des points en fonction du nombre de bouteilles insérées, générant ainsi une forte attraction autour de cet objet inédit dans la ville. Ces différents dispositifs disséminés dans l'espace urbain sont des vecteurs de construction de formes relationnelles et de formes d'inscription spatiale. De ce fait nous pouvons considérer ces dispositifs numériques comme transformant notre expérience vécue de l'espace urbain, car il contribuent à la construction d'une perception différente de notre environnement. Qu'il s'agisse d'une installation artistique ou de panneaux informatifs, ces supports de représentation de données dans l'espace urbain sont une « jonction », une « zone sensible» entre l'usager et l'espace urbain, générant ainsi une nouvelle expérience de l'espace.

Partant de l'hypothèse que les Technologies de l'information et de la communication peuvent représenter un instrument de médiation de l'expérience spatiale, nous nous interrogeons sur la façon dont les NTIC font émerger de nouvelles représentations de l'espace de la ville chez les citadins en générant une expérience différenciée de l'espace urbain.

Nous pouvons postuler, comme point de départ, que les NTIC sont d'importants médiateurs de perception de l'espace, c'est-à-dire un lien entretenu par un individu avec l'environnement dans lequel il s'insère. Nous nous intéresserons dans cet article aux installations urbaines interactives pour lesquelles l'usager est « acteur » de l'oeuvre, c'est à dire qu'il n'est plus uniquement récepteur de ces informations, mais désormais « émetteur » dans le sens où il peut également les manier, les créer ou même jouer avec. Dans cette perspective nous analysons les différentes interactions entre les usagers, les nouveaux espaces, et les supports numériques en tant que dispositifs de médiation de l'espace urbain. L'accent sera mis par la suite sur l'incidence que tous ces nouveaux dispositifs numériques peuvent avoir sur la configuration de l'environnement urbain dans lesquels ils sont intégrés.

 

Bibliographie:

 

LELEU-MERVIEL, S. Objectiver l'humain? Vol.1. Paris : Hermès Science publications, 2008. ISBN 9782746215528.

BENOIT, D. Introduction aux Sciences de l'information et de la Communication. Paris : Les éditions d'Organisation, 1995. ISBN 2708118374.

LAMIZET, B. Médiation, culture et société. In : Introduction aux sciences de l'information et de la communication, Paris : Les éditions d'Organisation, 1995. ISBN 2708118374.

 

MUCCHIELLI, A. Les sciences de l'information et de la communication. 4ème édition. Paris : Hachette livre, 2006. ISBN 978-2-01-145714-1

 

BAILLY, A. Les représentations de l'espace-une approche cognitive. In : Encyclopédie d'économie spatiale, Paris, Économica, 1994, p. 13-19.

 

BAILLY, A. La perception de l'espace urbain : les concepts, les méthodes d'étude, leur utilisation dans la recherche géographique, Thèse pour le Doctorat d'Etat, Paris, Sorbonne, 1977, 800 pages, publié à l'Université de Lille III, 1979.

 

LAUDATI, P. Nouvelles perceptions et nouveaux usages urbain par les technologies numériques: le point de vu de l'habitant. In : ZREIK, K. Actes du colloque hyperUrbain 3, Villes hybrides et enjeux de l'aménagement des urbanités numériques, 2011, Montréal, Canada. Paris : Europia Productions, 2012. ISBN 979-10-90094-08-6.

 

LAUDATI, P. La ville : médium praticable. In : FOURMENTRAUX, J.-P. L'Ère post-média. Humanités digitales et cultures numériques. Paris : Hermann, coll. « Cultures numériques », 2012. 220 p. ISBN : 978-2-7056-8326-9.

 

Wachter, S. La ville numérique : quels enjeux pour demain ? (en ligne). Métropolitiques, 28 novembre 2011. URL : http://www.metropolitiques.eu/La-ville-numerique-quels-enjeux.html.

DE V. LEITE, Julieta M. Médiations technologiques dans la ville: dès la notion d'espace urbain augmenté aux formes d'expérience collectivement partagées. ESSACHESS-Journal for Communication Studies, 2010, no 6, p. 63-77.

MENASSEL, M., DESOMBRE, L. Ville EN-JEU. In : Actes du colloque international e-virtuose. 2014 (eds).


[1]Terme employé par Nicolas Nova, consultant au Lift Lab, spécialiste de la question des médias géo-localisés.


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